NDDL. Zad : les opérations de déblaiement ont débuté dans un climat de tension
Les accès routiers vers l'ancienne "zone d'aménagement différé" (ZAD), rebaptisée "zone à défendre" par les opposants au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, étaient fermés à la circulation ce jeudi matin, afin de permettre le déblaiement des "squats" détruits les jours précédents. Aucune autre expulsion n'est en cours. Hier, pourtant, le Premier ministre Edouard Philippe écartait toute pause dans les expulsions : les opérations "vont se poursuivre dans le même esprit, avec la même fermeté et avec la même mesure", avait-il déclaré lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale.
(Mis à jour à 20 h).
En fin d'après-midi zadistes et forces de l'ordre se sont à nouveau affrontés dans le secteur du Lama fâché, au bord de la D281, l'ex"route des chicanes", a constaté un photographe de l'AFP.
Selon la cour d'appel de Rennes, un opposant interpellé jeudi matin pour détention d'engin explosif était en garde à vue dans la soirée, tandis que deux autres manifestants interpellés mercredi devront comparaître ultérieurement devant la justice, l'un pour attroupement avec armes, et l'autre pour participation avec arme à une manifestation.
Jeudi matin le calme régnait sur la "zone d'aménagement différé" (ZAD), rebaptisée "zone à défendre" par les opposants au projet d'aéroport abandonné en janvier, après les heurts violents de la veille. Les escadrons de gendarmes mobiles présents sur la zone s'attachaient à sécuriser le déblaiement des "squats" détruits depuis lundi matin, selon la gendarmerie.
"L'opération est arrivée à un point où tout ce qui était évacuable a été évacué. Il y aura maintenant dans les prochains jours un travail sous l'autorité de la préfète qui consiste à permettre aux projets agricoles légaux organisés de se faire", a déclaré au journal de 13 h de TF1 jeudi le président de la République Emmanuel Macron.
"Je souhaite que les agriculteurs qui sont sur place qui ont un projet sur ce territoire puissent le développer", a-t-il ajouté.
Mais ce calme sur la ZAD a été troublé vers 13h15 quand un escadron de gendarmerie est tombé dans une embuscade sur la RD81, une des deux routes qui traverse la ZAD. Alors que quelques gendarmes étaient descendus pour aider les véhicules à faire demi-tour sur cette route de campagne, ils ont subi une attaque furtive de zadistes. Quatre gendarmes ont été touchés par des jets d’acide au niveau des jambes et un autre a reçu des éclats dans la jambe après l'explosion d'un engin explosif improvisé. Ces cinq militaires ont été conduits au CHU de Nantes. Les Zadistes ont livré leur versions des faits par voie de communiqué.
Puis le calme est revenu sur la ZAD en milieu d'après-midi, ont constaté les journalistes de l'AFP.
Une barricade de pneus enflammée
Ce jeudi, les routes d'accès à la Zad ont été bloquées pour permettre les manoeuvres de poids lourds et d'engins, selon la gendarmerie. Les escadrons de gendarmes mobiles présents sur la zone s'attachaient en effet à sécuriser le déblaiement des "squats" détruits depuis lundi matin. "Il s'agit de permettre aux concourants (entreprises de BTP, ndlr) d'évacuer les tas de déchets en toute sécurité", a indiqué la gendarmerie.
Aucune évacuation ou expulsion n'était en cours jeudi matin, selon la même source. "La nuit a été calme", selon la gendarmerie, qui n'a dénombré que trois blessés légers dans ses rangs.
Aucun affrontement n'avait lieu sur la zone jeudi matin, une ambiance contrastant fortement avec les heurts des trois derniers jours.
Un hélicoptère de la gendarmerie et un drone survolaient la ZAD. Quelques personnes étaient regroupées sur des barricades autour du lieu-dit des Vraies Rouges, théâtre mercredi de violents affrontements.
Seul incident à signaler, une barricade de pneus a été enflammée sur la route nationale 165 vers 7H, occasionnant des bouchons entre Nantes et Vannes dans les deux sens de circulation.
Hier mercredi, plusieurs personnes, dont un journaliste, ont été blessées, au troisième jour des expulsions de Notre-Dame-des-Landes, alors que des élus de la majorité appellaient à une pause dans l'opération des forces de l'ordre. Des renforts sont arrivés dans la matinée dans les rangs "zadistes", un afflux qui a culminé vers midi autour d'un pique-nique comptant environ 600 personnes. Dans l'après-midi, deux nouveaux fronts ont été ouverts par les forces de l'ordre.
Les habitants de la "zone à défendre" ont déploré de "nombreux blessés" dans leurs rangs, parmi lesquelles "des personnes de tous âges", après que les gendarmes ont "violemment gazé et envoyé des grenades" lors de ce pique-nique organisé sur le camping dit des "Cheveux blancs". Un journaliste travaillant pour Reuters a été assourdi et blessé superficiellement au visage par des éclats de grenade, reçus alors qu'il avait trébuché à terre dans une autre partie de la ZAD visée par les forces de l'ordre.
De nombreux retraités ont rejoint la ZAD pour marquer leur opposition aux expulsions. Les habitants ont aussi vu affluer sur place de nouveaux "tracteurs vigilants", les mêmes qui avaient encerclé avec succès la ferme de Bellevue lors de l'opération César à l'automne 2012. "Ce qui est difficile, c'est la prise en compte de toutes ces personnes qui sont venues renforcer sur cette zone d'action et qui sont pour un certain nombre d'entre eux très clairement dans la volonté unique de se confronter à nous", a dit Karine Lejeune, porte-parole de la gendarmerie, sur franceinfo. La police évalue à 150 à 200 le nombre de personnes venues soutenir les zadistes.
Selon la préfecture de Loire-Atlantique, 13 nouveaux squats ont été évacués mercredi, ce qui porte à 29 leur nombre depuis lundi. Sur ces 29 squats, 26 ont été détruits, trois étaient en cours de démantèlement. La préfecture précise dans un communiqué que 32 membres des forces de l'ordre ont été blessés depuis lundi. Trois personnes ont été interpellées mercredi, soit 11 depuis le début de l'opération.
Derrière leurs barricades, les zadistes et leurs soutiens ont tenté de repousser l'avancée des forces de l'ordre à l'aide d'une catapulte artisanale avec laquelle ils projettent des pierres, cocktails Molotov ou bocaux d'urine et d'excréments.